J’ai toujours écrit avec mes tripes, mon énergie, mes émotions. Dans l’écriture, j’y mets tout ce que je suis. Du coup lorsque les circonstances de la vie surgissent, je peux en perdre mes mots, mon inspiration et ma volonté. Je dois alors vraiment lutter contre cette sorte de paresse et de découragement qui peuvent s’installer en moi. Je dois réussir à vaincre ça au plus profond de moi. L’arrivée à Montréal fut épique. Nous savions que le voyage et les douanes ne seraient pas de tout repos. Enfin, je dois reconnaître en toute humilité que je ne savais pas vraiment tant que ça. Je ne m’attendais pas à ce que nos valises restent à Montpellier (la soute de l’avion Montpellier/ Paris était pleine), ni à ce qu’il y ait une panne informatique du contrôle aérien et que tous les avions prévus à cette heure là soient retardés de trois heures. Bien sûr, à Paris, le temps de récupérer le chien et d’attendre en vain nos valises (sans se douter que les 5 n’étaient pas sur le même vol), nous n’avons pas pu nous enregistrer à temps pour notre correspondance. Dans toute cette galère, la palme d’or de la tranquillité revient à Lars. Il a assuré et bataillé pendant plus d’une heure trente pour que l’on ait la navette, l’hôtel et le repas pris en charge par Air France et un vol le lendemain à la même heure. Chose faite. Nous avons passé une super nuit dans une chambre surclassée et de la taille de notre ancienne pièce de vie en Charente. Une nuit avec l’essentiel, notre fils, notre chien, notre bible, nos trois bagages cabines (sacs à dos, sac à langer), et trois trousses de secours d’urgence gracieusement données par Air France (la fine équipe aux tee-shirt blanc à CDG, c’était nous). Non sans mal, nous sommes arrivés à Montréal le 2. Epuisés par ce voyage plutôt mouvementé, plein d’imprévus et pour couronner le tout avec des douanes difficiles, nous avons dû expliquer pourquoi nous souhaitions rester en visa touristique si longtemps au Canada. [Euh… on est venu pour vivre une aventure « en famille » et pour donner de notre temps gratuitement pour les autres, ça marche ? ]. Nous avons récupéré Jungle, un peu chamboulé par ce long voyage en soute le pauvre, mais heureux d’être enfin avec nous, ainsi que 4 de nos valises. La 5ème est à l’heure actuelle toujours aux abonnés absents, perdue par Air France. Elle contenait nos affaires les plus importantes et certaines sentimentales : manteaux et chaussures d’hiver, parka, médicaments mais surtout les oh combien fameuses Zoot que Lars trimballe depuis près de 10 ans (ce sont des tongs particulièrement moches). Les trois premiers jours au Canada ont donc eu une saveur particulière, un peu amère. Faire un tri, partir, puis … perdre. Mais nous avons décidé d’aller au-delà des circonstances et de se dire qu’elles ne devaient pas être un frein à nos joies, à nos rencontres, à nous, à nos temps de qualité et à nos prières. Passer par-dessus les circonstances. Passer par-dessus le matériel. Aller au-delà de ce qui peut nous déstabiliser, nous ralentir dans notre course, nous enlever notre joie. Au-delà des circonstances… Au-delà des circonstances, vous attend le changement de votre caractère. Caleb a vraiment été un exemple. Il vit au jour le jour, sans s’inquiéter du lendemain. Il est heureux car avec nous. Peu importe le lieu, peu importe le temps, peu importe les circonstances. Une fois de plus, les enfants peuvent être des exemples à suivre. Dans tout le stress et les imprévus liés à ce grand départ, nous ne voulions pas oublier Dieu. Plus les journées sont importantes et plus on veut passer du temps dans la prière. Nous nous doutions que les épreuves allaient survenir. Nous ne les attendions pas si tôt, mais okay ! Nous ne voulons pas nous laisser décourager ! C’est dans les épreuves que l’on se construit, que notre caractère se façonne. Réussir à passer par-dessus les imprévus et goûter à la joie d’être tous les jours tous les trois. Notre aventure a donc commencé par une sorte de deuil. Celui qui nous invite à démarrer quelque chose de nouveau, de manière légère. « Jésus appela chacun de ses disciples en leur demandant de tout laisser. Ils jetèrent leur filet et le suivirent. » Je suis toujours un peu admirative de la façon dont les disciples laissèrent tout pour suivre Jésus. Dans notre cœur, nous ressentions un appel à faire de même. Ce grand saut dans l’inconnu. Tout quitter sans savoir ce qui nous attendrait vraiment et sans savoir quelle serait la suite. Ces pas de foi sont nécessaires pour réussir à vivre les projets que l’on a à cœur. Sortir de sa zone de confort. Ces dernières semaines écoulées m’ont vraiment montré que l’intensité de notre vie avec Dieu dépend bien trop souvent des circonstances. Et alors quand arrive l’épreuve (quelle qu’elle soit) votre caractère est révélé. Laissez-moi me confier sur ce point, vous ouvrir mon cœur. « Au-delà des circonstances », c’est, je pense, le thème qui nous suivra durant ces prochains mois. Dieu me met à l’épreuve aussi. C’est positif. Je pensais venir pour les autres, pour servir sans rien attendre en retour. Or je me rends compte que j’avais beaucoup d’attentes en arrivant ici, et c’est cette « simple » circonstance de la valise perdue qui est venu me révéler mon cœur. Ça fait mal. C’est ainsi que durant les premiers jours, mes pensées n’étaient focalisées que sur moi-même et ce que j’avais perdu. Je ne voyais rien, ni personne d’autre que moi. J’avais donc du mal à me réjouir, à vivre enfin ce projet que l’on avait mis si longtemps à bâtir. J’ai besoin d’apprendre ; apprendre à soigner quotidiennement trois points essentiels dans ma vie : la relation que j’ai avec Dieu, celle que j’ai avec les autres et avec moi-même. Pour les connaisseurs, nous revenons là aux deux commandements essentiels : « tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ta pensée et de toute ta force ». Et « tu aimeras ton prochain comme toi-même », pas plus (que toi-même), pas moins non plus (que toi-même), mais avec la même intensité. Le sentiment d’être étranger Je ne me doutais pas que j’allais un jour me sentir perdue et déracinée. J’ai travaillé en tant que référente éducative dans un Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale (CHRS) pour des familles. J’ai travaillé avec des familles françaises mais aussi étrangères. Une chose est sûre, je n’ai jamais pu me mettre autant à leur place qu’aujourd’hui. Nous avons fait le choix de partir explorer de nouveaux horizons pour plusieurs mois. Mes premiers sentiments n’ont pas été ceux que j’espérais, peut être parce qu’on ne sait pas exactement ce qui nous attend et ce que l’avenir nous réserve. Après notre arrivée, les premières semaines ont été une sorte de choc culturel. N’étant pas là pour de simples vacances prolongées, on ne souhaitait pas juste consommer ce que le Canada pouvait offrir de meilleur. Ici on veut s’adapter, s’impliquer et vivre. Mais c’est vrai, c’est difficile, je me sens déracinée. Avec Lars, nous avons été invités une matinée à rencontrer des personnes et à faire la cuisine dans une maison des familles. Qui aurait cru qu’un jour, je serai non pas co-référente d’un atelier légumerie (comme au CHRS ou je travaillais) mais participante avec les familles du quartier où nous vivons pour les trois prochains mois? C’était une sensation bizarre d’être là, en train de couper des prunes pour une tarte tout en discutant et sans avoir de différence « visible » avec les autres familles. Ca m’a fait mal à mon orgueil, mais ensuite, j’ai réalisé toute la nécessité et l’importance de s’humilier. Ce moment a été difficile parce qu’alors, je me suis rendue compte que l’humilité dont je pensais avoir toujours fait preuve à pu parfois cacher une certaine fierté. Aider les autres, les accompagner, c’est gratifiant. Je ne dis pas que j’ai menti durant ces dernières années et que mon seul but était d’être vue comme supérieure. Par contre j’ai parfois eu tendance à oublier que nous étions au fond tous égaux. Nous aimons appartenir à des « castes », notre nature humaine aime se sentir privilégiée. Ce n’est pas un secret, généralement nous restons avec des personnes ayant le même niveau socio-culturel que nous. Et si je prends deux exemples qui me concernent, parlons des éducateurs spécialisés, ils aiment aider, prendre soin des autres; puis les leaders de louange, eux ils aiment conduire les frères et sœurs de leur assemblée à adorer Dieu. Dans le fond ce sont des causes nobles. Seulement il y a toujours un risque de s’enorgueillir de notre position, de notre statut, de notre rang. Il ne faut jamais oublier l’autre, ne pas oublier qui il est réellement, un frère, une sœur, un ami, un semblable. Ici, je ne suis plus éducatrice spécialisée, je ne fais plus partie de l’équipe de louange, je ne fais plus partie de ceux que l’on voit souvent. Ici, dans l’ombre, je me rends compte que le seul privilège que j’ai, c’est celui de connaître Jésus. Mais finalement n’est-ce pas le plus important, de connaître Jésus et d’être connu de lui ? Les rencontres Il y aurait tant à dire sur toutes les rencontres que nous avons faites depuis notre départ. Rien que durant notre voyage, grâce au retard de Air France et à notre nuitée à l’hôtel, nous avons pu rencontrer plusieurs personnes vraiment touchantes. Et puis ici à Montréal, il y a ceux qui font maintenant partie de notre décor de tous les jours. Nous sommes dans un petit immeuble avec seulement deux voisins, ceux du même étage ont même un shiba inu comme nous. Et puis, parfois, il y a des rencontres qui vous marquent. Vous savez, celles qui sont touchantes et pleines d’authenticité. Nous avons eu le privilège de rencontrer une famille (la mère, sa fille et son petit-fils) au parc juste à côté de chez nous. Leur histoire familiale douloureuse est à la fois révélatrice de la méchanceté des hommes mais aussi de la puissance de l’amour. Ces rencontres vous bouleversent parce qu’elles vous apportent parfois plus que ce que vous pensiez donner. Il y a les retrouvailles appréciables. Vous savez, ces personnes que vous n’avez pas vues depuis longtemps mais que vous avez l’impression de ne jamais avoir vraiment quittées. Retrouver le pasteur de ma jeunesse, son épouse et leurs enfants a été comme un soleil dans tous ces changements. Nous avons trouvé notre routine. Nous passons beaucoup de temps à écrire et à étudier lorsque Caleb dort. Le rythme est assez soutenu. J’ai même commencé des cours à distance concernant le soutien en relation d’aide, cours dispensés par Denis Morissette. Notre petit logement est bien, petit comme un nid, mais douillet. Ce n’est pas toujours simple de vivre dans un logement étroit, mais c’est lorsque l’on manque de place que l’on apprend à à ouvrir nos cœurs davantage. Le caractère de Caleb se peaufine au fur et à mesure des mois. Avec Lars, nous pouvons commencer à voir les ressemblances de notre petit garçon tout blond (mais pas seulement physiques). Il y a le Caleb vif, aimant bouger et qui une fois dehors tel un Forrest Gump ne s’arrête jamais de courir ! Il aime aussi les livres et peut passer de longues minutes à les parcourir. Et puis il y a le Caleb réservé qui lorsqu’il arrive dans un endroit avec d’autres enfants préfère les observer timidement. Trop de monde, trop de bruit et notre petit garçon laisse éclater toute sa sensibilité. Nous vivons la famille à chaque minute, à chaque seconde; nous en avions rêvé, maintenant cela est réalité. À nous de chérir ces moments précieusement. Et vous, où en êtes-vous ? Y-a-t il eu des circonstances décourageantes ce mois-ci ? Où en êtes-vous de votre relation avec Dieu ? Votre relation avec les autres mais aussi avec vous-même ? Réussissez-vous à ne pas vous enorgueillir de l’aide que vous pouvez apporter aux autres, de votre succès, de votre position ? Réussissez-vous à passer des temps en famille ? Ce mois-ci, notre prière pour vous est que vous puissiez voir au-delà des circonstances. Au-delà des circonstances… vous attend la transformation de votre caractère. Avec amour, Mandy
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AuteurMandy, ArchivesCatégories |