Pour moi, un selfie se rattache plus à une mise en scène. Il correspond à quelque chose de plus superficiel à mes yeux. L'autoportrait lui, c'est plus le cœur. On cherche donc à se dévoiler de manière authentique. On partage une photo de nous, on en dit des choses réelles. On parle des joies et des peines. Comment te sens-tu avec ton image? Pour ma part, durant longtemps, j'ai trouvé que j'avais des traits de visage masculin. Ce sentiment profond se rattachait surement aux différentes remarques que j'ai eu durant mon enfance et mon adolescence. Elles n'ont pas été nombreuses mais suffisantes pour réussir à m'impacter moi et ma manière de penser. Je me souviens de cette fois ou j'étais enfant et je me trouvais à la piscine du coin. [Je devais vraiment être assez jeune pour deux raisons: 1. Par la suite nous avons eu une piscine à la maison et nous n'allions à la piscine municipale que très rarement. 2. Je me rappelle que je ne portais pas de haut de maillot de bain. N'étant pas d'une famille fan du "top Less" je devais donc être une enfant en dessous de 7 ans]. Je me trouvais donc à la piscine du coin et deux fillettes se sont approchées de moi et m'ont demandé (avec des visages un peu méchants et malveillants) si j'étais une fille ou un garçon. Cela m'avait beaucoup attristé. je ne me souviens plus de la suite mais j'ai du leur répondre une fille comme pour me défendre d'une accusation grave. Ce qui est sûr, c'est que ces fillettes étaient un peu plus grandes que moi et mal intentionnées. Si je leur avais répondu garçon elle m'aurait surement fait remarquer que j'avais un maillot de bain rose avec une bordure à froufrou jaune (j'aimais ce maillot de bain). Adolescente au collège (ahhh l'adolescence...) j'ai aussi eu quelques remarques de garçon (du même groupe bien évidemment) qui m'avait fait la remarque que je ressemblais à un gars dans un groupe de fille. Si certaines se réjouissaient d'être classées parmi les plus belles filles du collège moi j'étais un peu meurtrie intérieurement de cette image que je pouvais renvoyer. Cette remarque m'avait blessé. Je mesurais déjà facilement 1,70m. Je chaussais du 40 [un complexe à cette époque qui aujourd'hui ne l'est bien évidemment plus sachant que chausser un 35 pour plus d' 1,70 mètre serait bien plus bizarre]. Je pesais 57 kg et j'étais plutôt un style de planche à repasser sur pied. Mes cheveux étaient à cette époque là au naturel à savoir: lisses et châtains. Il faut l'avouer j'ai eu des coupes un peu bizarre mais je n'étais pas la seule. Le "long devant et court et en pique derrière" était à la mode. Je voulais être à la mode. J'ai osé. c'était un échec. Un échec capillaire. Au lycée, je n'ai plus eu ce problème. J'avais des ami(e)s qui m'acceptaient vraiment comme j'étais, avec mes cheveux courts , lisses mais que j'avais déjà commencé à faire décolorer (ce qui était léger à l'époque). Le problème c'est que malgré de supers ami(e)s j'étais quand même marquée par le sentiment que je ressemblais à un garçon. La permanente à d'ailleurs fait son apparition un peu pour cette raison et elle ne m'a plus jamais quitté. Mes cheveux je les ai laissé pousser et j'ai continué à les décolorer. La décoloration et la permanente je les ai apprivoisé et elles m'ont aidé à m'accepter et à me construire une image que je trouvais sympa. J'ai commencé à me trouver belle et à me mettre un peu plus en valeur. Entre temps j'avais aussi pris en forme féminine et en kilos. Mon visage commencé à quitter l'adolescence pour entrer dans le monde adulte. J'ai commencé à me trouver pas trop mal. Les personnes ont commencé à me complimenter, j'ai fait la rencontre de personnes qui m'ont vraiment fait du bien au moral (l'une d'entre elle était un chanteur avec un peu de notoriété). J'ai eu l'occasion d'être modèle pour un stage de photographie (avec un grand photographe de la région), ça aussi ça m'a aidé. Et puis bien sûr, rencontrer Lars a été la cerise sur le gâteau. Enfin, le gâteau tout entier même. Il m'a dit que j'étais belle et que même avec les cheveux lisses il me trouvait belle. On s'est connu lorsque j'avais 14 ans donc il m'a vu: moi, la grande maigrichonne aux cheveux lisses et châtains. Je crois que lorsqu'il m'a dit ça il a conquis mon cœur à tout jamais: "je t'aime bien les cheveux lisses et châtains aussi". Aujourd'hui comme beaucoup je reste sensible aux remarques que l'on peut me faire. Je fais attention à mon image. J'ai pris la victoire sur la perception (erronée) que j'avais de moi. L'idée de laisser mes cheveux au naturel me fait pourtant toujours un peu peur. J'ai appris à m'aimer avec des cheveux de surfeuse. Ça a longtemps définit mon style. Ces artifices m'ont aidé. Est-ce-que ces vieilles peurs referont surfaces? Les mots peuvent faire des ravages dans les cœurs et dans les vies. Aidons nos enfants à être doux et pleins d'encouragement, soyons doux et encourageant nous même en exemple.
Les mots nous appartiennent tant qu'ils ne sont pas encore sortis de notre bouche. Au delà de notre image et des artifices que nous utilisons, nous sommes beaux et belles si notre cœur est beau. Comment est ton cœur aujourd'hui? #autoportrait #highestpeak
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