L’Orgueil… ce manteau qui parfois nous va si bien. Il s’en est passé des choses. Alors que j’entame l’écriture de ce 5ème carnet de voyage je ne sais pas par où commencer. Après 2 mois passés sur les routes Américaines et quelques 10 000 kilomètres au compteur, nous avons fait de nombreuses rencontres et vu de nombreux paysages. Des gratte-ciels de la jungle de béton New Yorkaise, aux dauphins et baleine de la côte pacifique de Los Angeles en passant pas le désertique mais pour autant chaleureux Kansas, les Rocky Mountains du Colorado ou encore les Canyons époustouflants de Utah. Nous en sommes pratiquement à la moitié de notre road trip. Le temps de faire une halte et de se souvenir. Notre plaque d’immatriculation canadienne arbore fièrement la devise du Québec « je me souviens ». En souvenir du temps qui passe et de l’histoire heureuse et douloureuse. Quelle plus belle plaque pour nous accompagner pour ce long road trip. Et moi, je me souviens. Je me souviens avoir rêvé de cette aventure bon nombre de fois tout en sachant que j’étais une aventurière du prévu. Mais j’étais loin de l’imaginer comme ça cette aventure. Jonchée de petites et de grandes difficultés à devoir sans cesse m’adapter, à être déboussolée dans mes habitudes et dérangée dans mes schémas de pensée de la vie chrétienne. J’ai pourtant fait des études d’éducatrice, ces études où on apprend d’abord à se regarder, à s’analyser soi avant de regarder les autres. Ou l’on apprend à changer son regard sur l’Autre, sur la différence. Le problème avec la connaissance, c’est que lorsqu’on l’acquiert on a tendance à s’enorgueillir. Si on ne fait pas attention, on a tous tendance à s’enorgueillir. Ça a été mon cas parfois dans mon travail. Ça a été mon cas à mon arrivée dans un quartier assez populaire de Montréal (« avec un air de « ce quartier ne me mérite pas »). Si on ne fait pas attention, on a plutôt tendance à voir la paille dans l’œil de notre voisin plutôt que la poutre dans notre œil. Cette aventure, elle est comme libératrice parce qu’alors je travaille durement pour enlever la poutre de mon œil. C’est douloureux, fatigant mais libérateur. Et toi, ne vois tu pas la poutre dans ton œil ? Tu es sûr ? Cherche bien. Parfois elle est tellement grosse, elle fait tellement partie de toi que tu ne la vois plus. Si tu ne la vois pas je t’invite à demander à quelqu’un qui n’est pas forcément un ami proche de te dire quel est ton défaut. Ne demande pas à un ami ou à un membre de ta famille… quand on est ensemble, souvent on a tendance à s’adapter et à ne plus voir non plus. Ce qui est dur c’est souvent que l’on croit que notre identité repose sur ce que l’on sait, sur nos diplômes, sur nos expériences, sur notre appartenance à un groupe, à une église, à un mouvement chrétien. Je me souviens de nos trois mois à Montréal. Ils ont été difficiles. Je m’étais construite une image de Montréal. Depuis toutes ces années à entendre bon nombre de chrétiens en parler, je m’attendais à une sorte de cocon douillet, mais à la place, j’ai découvert une ville froide et sombre qui ne me plaisait pas (fille de la campagne et de la liberté). J’avais toujours rêvé d’aller dans une méga church assez connue dans les milieux chrétiens. Je pensais qu’elle correspondrait parfaitement à mes attentes. Mes attentes… encore un sujet d’orgueil. Mais finalement, avec Lars nous avons fait le choix de fréquenter une église plus petite, à taille humaine o{ les rencontres seraient plus faciles, plus naturelles où il n’y aurait pas d’écrans partout (difficile d’être dans une église multimédia lorsque l’on prône le sans écran pour les enfants de 0-3 ans). Ce n’était pas la faute de l’église, non. Il n’est question ici que de moi parce que je me souviens d’avoir longtemps rêvé de trouver mon identité dans une église moderne, dynamique et fun ! Orgueil quand tu nous tiens, tu nous colles à la peau. Par la suite j’ai découvert un mouvement inconnu en France, les réformés Presbytériens, alors que je n’avais pas vraiment envie de découvrir un autre milieu que celui dans lequel j’ai grandi, dans lequel j’avais mes repères. Mais le truc, c’est que lorsque l’on est comme un poisson dans l’eau, on commence aussi à avoir des attentes. Depuis le début de cette aventure, je travaille sur la déconstruction de mes idées, de mes attentes. J’élargis l’espace de ma tente. Nous avons beaucoup prié pour que des portes s’ouvrent concernant les logements durant notre road trip. Lorsque nous avons décidé de changer d’église à Montréal, de quitter cette méga church pour nous diriger vers cette petite église réformée, nous ne nous attendions pas à ce que cette petite assemblée soit le début de notre histoire. Nous ne nous attendions pas vraiment à nous attacher à certains frères et sœurs en si peu de temps. Karis et Rebecca (le couple pastoral) et leurs filles Hadassa et Noel, Christine et Pierre qui nous ont mis en contact avec des amis à Washington, ainsi qu’Hélène et Philippe qui ont été notre porte d’entrée dans le mouvement réformée presbytérien. Depuis… Depuis, chaque famille qui nous a logés nous a trouvé un logement pour l’étape suivante. On a ainsi pu avoir un pied à terre dans de nombreuses villes tout au long de notre parcours. Nous sommes reconnaissants. Au-delà de nos attentes Dieu pourvoit. Dieu est là, il se souvient de ses enfants. Je retiendrai de ce mouvement un amour profond pour l’accueil de l’étranger, un respect de la parole de Dieu de manière très littérale, un sens de la famille et de l’appartenance à une entité en tant qu’unité familiale très présent. En fait, je pense réellement qu’aucun mouvement n’aurait pu me faire autant travailler sur moi que le mouvement réformé presbytérien. Je suis chrétienne donc je sais que c’est Dieu seul qui change les vies. Mais souvent changer d’horizons, changer de regard se fait avec l’aide des autres. Je n’ai rien demandé mais c’est comme ça… Sans vouloir ce mouvement m’offre un autre regard. Il me fait travailler sur moi et sur mon orgueil. Il n’y a pas d’instruments dans ces églises, pas de leader de louange ou de choristes non plus. Juste les voix qui s’élèvent ensemble. Et laissez-moi vous dire une chose. Je n’ai jamais entendu plus belle louange que dans cette petite église réformée presbytérienne de Pittsburg. Je pense qu’un des points fort de ces églises est que personne n’est mis en avant. Il n’y a pas de ceux qui travaillent « dans l’ombre » ou « dans la lumière ». Changer de mouvement pour un temps a parfois réellement quelque chose de bénéfique. C’est alors que l’on revient à une simplicité de cœur nécessaire pour ne pas s’enorgueillir, pour revoir ses priorités, faire le bilan de ces dernières années. J’aime louer le Seigneur et conduire l’église à l’adorer, je pense que ces mois passés avec les réformés Presbytériens m’auront apporté un regard différent sur la louange et les Psaumes dans mon cœur d’adoratrice. Prendre du recul permet d’aller de l’avant. Cela ne veut pas dire que l’on oublie le passé… mais plutôt qu’on se sert du passé comme d’un tremplin. Ces souvenirs qui nous construisent… Qui ne s’est jamais remémoré de bons souvenirs de manière nostalgique ? Un groupe d’amis au coin du feu. Des personnes âgées dans le rocking-chair pouvant conter durant des heures les délices de leur enfance malgré les périodes de guerre souvent douloureuses. En fait notre vie entière est construite sur des souvenirs. Bons ou mauvais, ils peuvent nous porter, nous propulser ou nous hanter et nous détruire. Les souvenirs peuvent être aussi doux qu’amers. Lorsque je travaillais en tant qu’éducatrice spécialisée dans un Centre d’hébergement et de réinsertion sociale, j’ai pu entendre un certain nombre de souvenirs douloureux. Des souvenirs ayant parfois marqué le corps, les émotions et la construction psychique de la personne. Les souvenirs, c’est le vécu. Le vécu est puissant et a un fort impact sur la personne que l’on est. Le vécu vient même parfois impacter les générations futures. Avez-vous déjà remarqué que l’on a tendance à se remémorer plus facilement les choses douloureuses, celles qui ont marqué notre chaire au fer rouge? Cette amie qui a manqué à son devoir, ce père absent, ces moqueries, ce manque d’encouragement, ces échecs scolaires, ces rêves oubliés, cette carrière envolée… C’est une réalité, la nature humaine se souvient plus facilement du mal. Mais alors, pourquoi ne dépensons-nous pas plus d’énergie à nous créer de bons souvenirs ? Nous avons peut-être besoin d’être un peu plus intentionnels dans notre vie si l’on veut réussir à construire ces souvenirs que nous serons fiers de garder en mémoire. Choisir intentionnellement de passer chaque dimanche en famille, choisir de vivre des temps ensemble et sans écran. Clairement, le monde des écrans enlève bon nombre De nos souvenirs. Qui se rappellera du film qu’il a vu il y a 5 ans ? Quel souvenir permettons-nous à nos enfants de construire lorsque nous les autorisons à regarder les écrans à chaque temps libre ? Quels souvenirs peuvent-ils raconter et à quoi se raccrochent leurs références par la suite ? Nous devons avoir l’ambition d’être des modèles pour nos enfants. Ceux à qui ils aimeraient ressembler. C’est possible ! Un monde où les enfants n’ont pas honte de leurs parents, c’est possible. Pour cela, les souvenirs jouent un rôle essentiel. Les enfants apprennent par l’exemple. Qu’on le veuille ou non, nous sommes leur exemple. Nous ne sommes pas parfaits, les erreurs arrivent mais les temps de qualité doivent prédominer. Se souvenir d’où l’on vient, pour réussir à savoir où l’on va. A presque 30 ans, j’ai toujours été plutôt discrète à propos de ma foi. Mais si je ne suis pas très forte pour en parler j’ai toujours aimé le chanter. Avec cette aventure que l’on vit, je prends davantage de temps pour me souvenir. Je décide alors d’écrire. Le temps passe mais les écrits restent. On parle souvent de l’importance de pardonner mais trop peu de celui de se souvenir. Je suis d’accord, le pardon que l’on accorde, que l’on reçoit ou que l’on demande est libérateur. Ne refusez jamais un pardon. Pardonnez chaque jour si c’est nécessaire. Aussi douloureux soit-il, le pardon permet d’avancer. Mais si j’évoque l’importance de se souvenir, il n’est pas question de se souvenir des humiliations, des méchancetés même si j’ai conscience qu’on ne peut jamais vraiment oublier. Mais pardonner c’est panser. Il est seulement question de se souvenir d’où l’on vient pour ne pas oublier où l’on va. Avec ce voyage, nous sommes sans cesse ramenés à la création. Quelle terre magnifique. Lorsque nous sommes chrétiens, il me semble que nous avons aussi le devoir de garder en tête d’où l’on vient. La création, le commencement. C’est à nous en tant que parents de l’enseigner à nos enfants, d’en être fiers. Ces derniers temps, nous nous sommes intéressés aux possibles corrélations entre la transmission de la foi de génération en génération et la croyance en une terre jeune. Par nos différentes recherches, observations, questionnements, nous avons eu une certaine tristesse à constater que de nombreux chrétiens ne croient plus de manière littérale en la genèse. La genèse, c’est pourtant notre histoire. Celle qui explique d’où l’on vient. Je pense que si nous voulons que nos enfants marchent avec assurance, nous devons leur inculquer la vérité. Non pas la notre ni celle que le monde séculier tend à nous faire croire, mais celle de Dieu. Ma foi repose donc sur Dieu, sur son fils Jésus. Je suis fière de me revendiquer créationniste et de croire en une terre jeune et je pense aussi que cela peut faire toute la différence dans la solidité de la foi de nos enfants (si la Bible est erronée dès les premiers versets… pourquoi dirait-elle la vérité sur les suivants ?) Je suis de ceux qui se revendiquent créationnistes. Je ne pense pas que cela ait peu d’importance et que ce ne soit qu’un détail concernant la foi chrétienne. Je pense que c’est le commencement… comme c’est indiqué dans la Bible. Pour avoir besoin de Jésus et savoir où l’on va, il faut savoir d’où on vient. La genèse, le commencement, la création en 6 jours. J’ai peut-être à tort gardé cette âme d’enfant, celle qui croit la Bible de manière littérale, celle qui ne s’invente pas des jours de création à rallonge. Je crois que la Bible a été écrite pour tous. Du grand intellectuel jusqu’aux personnes ayant le plus de difficultés. Des personnes âgées jusqu’aux enfants. Je crois donc que le commencement est celui qui est écrit dans la genèse. Je crois en un Dieu assez puissant pour avoir créé une terre en 6 jours et s’être reposé le 7ème. Je crois que ces jours sont des jours de 24 heures. Dieu est en dehors du temps oui… mais il a créé le temps comme repère pour l’homme... ce temps qui se transmet au fil du temps. Je crois en l’ordinaire de la Bible et en l’extraordinaire. Je crois en l’Ancien, au Nouveau Testament et au fait qu’ils n’aient de la valeur que dans leur unité. Je crois aussi que l’homme et la femme ne sont pas foncièrement bons parce que la chute a réellement existé. Qu’Adam et Eve ont réellement existé. Et que c’est par leurs actes de désobéissance que le péché s’est répandu à toute l’humanité. C’est aussi pour cette raison que je crois que nous avons besoin de Jésus. Si mes propos semblent ici un peu étranges, je tiens quand même à préciser que croire que l’humanité est le fruit d’un Big Bang et d’une évolution sur des milliards d’années me semble encore plus étrange. Alors oui, je refuse d’enseigner à mes enfants que nos cousins sont les singes. Je refuse de penser que nos oiseaux d‘aujourd’hui sont les dinosaures d’hier! Durant notre séjour à Cincinnati, Lars a contacté le Musée du Créationnisme pour solliciter un interview. Ils nous ont invité à visiter leur musée et Lars a eu le privilège de rencontrer le co-fondateur Mark Looy. Nous avons également eu une visite guidée et Lars a ensuite pu visiter les bureaux et interviewer deux scientifiques (docteurs en astronomie et en histoire de la géologie) qui travaillent pour Answer in Genesis. C’était pour Lars un rêve qui devenait réalité. Celui de pouvoir rencontrer des chercheurs ayant de réelles connaissances scientifiques dans leur domaine tout en étant créationnistes avec une foi profonde en l’historicité et la véracité de la Bible. Nous avons aussi visité la reconstitution de l’Arche de Noé. C’était très impressionnant de voir ce dernier avec les mesures réelles, d’avoir une idée de comment a pu être l’intérieur de l’Arche à l’époque de Noé en pensant aux moindres détails (eau, nourriture…) et de voir quelques espèces d’animaux (dont des dinosaures, eh oui). Ce passage de la genèse fait partie de notre histoire, de nos souvenirs. D’ici quelques mois, les souvenirs, les photos et nos écrits seront les mémoires du temps qui passe. Tout cela nous rappellera le temps mis à part pour notre famille. On se souviendra alors de chacune des personnes rencontrées sur notre parcours. Toutes celles nous ayant généreusement ouvert leur porte. Celles qui nous ont permis de faire un peu partie de leur famille et de leur vie durant le temps de quelques jours. - Sonia et Pierre à Washingthon - Lynn et Drew, responsables de la maison d’édition chrétienne Crown and Convenant à Pittsburg - Laura et Andrew se préparant à être missionnaires au Pakistan avec leurs deux filles - Mattew, Marcy et leur deux fils, famille pastorale à Quinter dans le Kansas - Jill et Keith avec leurs 5 enfants adultes à Colorado Spring - Nos amis de plus longue date, Robyn, Darren et leurs 4 enfants Colson, Peyton, Gabriel et Ainsly ayant œuvré à Montpellier avec Agapé France et aujourd’hui de retour chez eux à Colorado Spring. Nous avons eu le plaisir de passer le nouvel an avec eux. - Nathan Eshelman, pasteur de l’église Réformée Presbystérienne de Los Angeles nous a hébergés dans les locaux mêmes de l’église - Tim qui après avoir été pasteur 37 ans est aujourd’hui aumônier dans 4 prisons de Californie et son épouse Lori de Fresno. -Pam, Ray et leurs filles Margaret, Michelle et Suzie qui nous hébergent actuellement dans la baie de San Francisco. Je les cite ici parce que chacune de ces personnes a été une réelle bénédiction pour notre famille. Si vous le souhaitez, vous pouvez les porter dans vos prières. Cette aventure est belle et difficile. Difficile mais belle. Mais surtout belle car faite de rencontres riches, celles que vous rapportez avec vous dans votre cœur. Mon désir pour vous en cette année 2020, c’est que vous puissiez être intentionnels dans votre vie de tous les jours. Ne pas vous laisser happer par le temps qui passe, ne pas se laisser dévorer par le travail, les écrans, les réseaux sociaux ou encore vos loisirs individuels. Construisez vos souvenirs, ceux dont vous serez fiers. N’oubliez pas non plus de vous remémorer le chemin parcouru. Pour les chrétiens, n’oubliez pas de vous rappeler d’où nous venons. Ne vous conformez pas aux concessions faites sur des sujets bibliques. Croyez. Croyez en l’ordinaire, et en l’extraordinaire. Croyez en une terre jeune, en la puissance de Dieu qui la créa en 6 jours et qui prit le temps de se reposer le 7ème. Croyez en sa parole, qu’elle soit une lampe devant vos pieds et une lumière sur votre sentier. Avec amour, Mandy
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AuteurMandy, ArchivesCatégories |