Partie I - Le suicide dans la Bible

Je me souviens très bien de cet ami qui m’emmenait au foot dans sa Fiat Panda. Il était très drôle et imprévisible (surtout au volant). À l’époque, je n’avais pas encore le permis et il passait me prendre de temps en temps pour aller jouer avec d’autres jeunes chrétiens de Montpellier. Nous n’allions pas dans la même église mais le sport nous rassemblait. Puis j’ai appris qu’il n’allait plus à l’église. Il venait encore au foot de temps à autre. Puis plus du tout. Plus tard j’ai appris qu’il s’était pendu; il avait la vingtaine.
En 2013, peu après notre mariage, Mandy qui était encore étudiante m’apprend qu’une fille de sa promo venait de sauter du haut du viaduc de l’Anguienne à Angoulême. Personne ne se doutait de rien, pourtant elle avait tout planifié, laissé une playlist pour son enterrement, distribué des cadeaux à ses copines au début de l’été avant de retourner dans sa famille.
Aujourd’hui dans le monde, c’est près de 2700 personnes qui s’ôtent la vie chaque jour, soit près d’un million de suicides par an. En France, chaque année c’est 10 000 personnes qui décident de mettre un terme à leur existence. Les plus vulnérables sont les hommes (ils sont trois fois plus touchés que les femmes), les 15-29 ans (le suicide étant la deuxième cause de mortalité après les accidents de la route), les 45-54 ans et les plus de 75 ans. En France, un agriculteur se suicide tous les deux jours. Pour comprendre l’ampleur du drame, pour chaque suicide, il y a 20 tentatives de suicide.
En août 2018, le jeune pasteur américain Andrew Stoecklein s’est suicidé. En septembre, un autre pasteur de Californie Jarrid Wilson s’est également donné la mort. Tous les deux avaient la trentaine, ils étaient mariés, pères de jeunes garçons, pasteurs d’une mégachurch, tous les deux souffraient de dépression. Quelques années plus tôt, Steve Austin, un autre pasteur américain de 28 ans avait tenté de mettre fin à ses jours. Vous retrouverez dans le témoignage du mois son histoire et comment sa vie a pris un nouveau départ suite à son suicide manqué.
Durant des siècle, l’église a tenu une position ferme condamnant le suicide en tant que péché et expression ultime de la liberté individuelle contraire à la volonté divine. Mais depuis près d’un siècle il y a un changement de direction. À la fin du XIXè siècle, Émile Durkheim voyait déjà une différence se dessiner dans le développement du suicide en fonction des confessions. Dans les pays protestants (ou les cantons protestants pour la Suisse), les chiffres étaient biens plus importants que pour les régions catholique (Le Suicide, Emile Durkheim, 1897, p149). Puis il y a quelques décennies, l’église catholique a modifié son catéchisme, stipulant que les troubles mentaux pouvaient diminuer la responsabilité de l’homme et que les voies de Dieu quant au salut étaient mystérieuses (mais rappelons-nous que les catholiques, contrairement aux protestants, prient pour ses morts). Il semblerait donc il y ait comme un consensus qui se soit dégagé au sein de la communauté chrétienne pour traiter la question du suicide causé par des troubles mentaux comme étant un cas d’exception. Aujourd’hui, le suicide est un problème de santé publique avec les troubles mentaux comme facteur risque causant près de 60% des suicides. Et le suicide propage ses ondulations dévastatrices sur tous ceux qui se trouvent autour. Les communautés religieuses ne sont pas épargnées. Cela pourrait expliquer pourquoi de nombreuses églises ont décidé de revoir leur doctrine sur le sujet et de ne plus stigmatiser le suicide comme avant. La souffrance humaine qui est le lot de tous pousse de plus en plus de personnes vers le désespoir et parfois jusqu’au suicide.
Que nous enseigne la parole de Dieu à ce sujet?
- Abimélech, le suicide assisté: Livre des Juges 8 et 9
L’époque des juges se résume à un verset : “En ce temps-là, il n'y avait point de roi en Israël. Chacun faisait ce qui lui semblait bon". Abimélec était un des fils de Gédéon, seulement il ne comptait pas parmi les 70 fils légitimes. Sa mère n’était qu’une servante, une concubine. À la mort de son père, il réussit à convaincre sa ville de s’allier à lui et il fait exécuter tous ses frères. Il est ensuite proclamé roi par les habitants de Sichem. Sa mort finira par être aussi violente que sa propre vie. Assiégeant une tour, il décide d’y mettre le feu pour exécuter tous ceux qui s’y étaient réfugiés. Du haut de la tour, une femme jette un morceau de meule de moulin qui lui brise le crâne. Plutôt que de mourir par les mains d’une femme, il demande à un soldat de le tuer. C’est ici le premier suicide (ou plutôt suicide assisté) mentionné dans la Bible. La vie d’Abimélech peut se résumer à une vie de violence, de meurtres, d’orgueil démesuré. Aux portes de la mort, le premier roi d’Israël (bien qu’illégitime et non reconnu par les autres tribus), ne se préoccupe pas de ce qu’il va bientôt rencontrer celui qui jugera toutes ses oeuvres méchantes; il n’y a aucune trace de repentance, aucune crainte de jugement. Sa seule préoccupation, sauver son honneur en ne mourant pas des mains d’une femme, humiliation suprême pour un guerrier. Ironie du sort, 200 ans plus tard, les israélites se souviennent encore de cette femme de Thébets.
- Samson, la mort d’un héro: Livre des Juges 13 à 16
Samson est un autre israélite du temps où les tribus n’avaient pas de roi. Ses cheveux long, sa force surhumaine, ses nombreuses femmes dont Delila, son histoire est connue. Finalement capturé par les philistins, peuple ennemi d’Israël, grâce à la ruse de Delila qui perce le secret de sa force, Samson meurt dans un dernier coup d’éclat. Sa mort n’est pas à proprement parler un suicide. Il s’agit plutôt d’un acte de guerre, de bravoure où il sacrifie sa propre vie pour faire périr les ennemis de Dieu, soit plusieurs milliers de philistins, en détruisant leur temple idolâtre.
- Saül, le suicide du premier roi d’Israël: I Livre de Samuel 8 à 31
Saül, premier roi officiel d’Israël a terminé son règne en se suicidant sur le champ de bataille, tout comme Abimélec l’avait fait avant lui. Voici l’exemple d’un autre homme, qui face à la mort n’a aucune repentance dans le cœur. Il n’a aucune pensée pour son âme éternelle. Dans son orgueil, il a oublié Dieu ; sa seule crainte c’est d’être capturé, torturé, humilié puis mis à mort par les philistins (comme Samson l’avait été). Son fils Jonathan est mort en héro, les armes à la main; lui mourra en déserteur, en lâche.
L’histoire de Saül aurait pu être différente. Il avait été choisi par Dieu pour conduire le peuple d’Israël qui demandait un roi comme les autres nations. Le prophète Samuel l’avait oint roi alors qu’il n’était encore qu’un jeune homme au cœur humble. Mais avec le temps et le trône, il a commencé à s’inquiéter de l’opinion des hommes plutôt que d’obéir aux commandements de Dieu. Il a craint le peuple plutôt que la parole divine.
1 Samuel 15
22 Samuel dit: L'Eternel trouve-t-il du plaisir dans les holocaustes et les sacrifices, comme dans l'obéissance à la voix de l'Eternel? Voici, l'obéissance vaut mieux que les sacrifices, et l'observation de sa parole vaut mieux que la graisse des béliers. 23 Car la désobéissance est aussi coupable que la divination, et la résistance ne l'est pas moins que l'idolâtrie et les théraphim. Puisque tu as rejeté la parole de l'Eternel, il te rejette aussi comme roi.
30 Saül dit encore: J'ai péché! Maintenant, je te prie, honore-moi en présence des anciens de mon peuple et en présence d'Israël.
Saül est devenu un homme tourmenté, violent, paranoïaque irrationnel, allant jusqu’à faire tuer les sacrificateurs de l’Éternel. Dans un élan de folie, il tentera même de tuer son propre fils avec une lance. Saül était guidé par la peur, la crainte des hommes et par la colère. Sa vie fut une lutte permanente pour garder son honneur et son statut intacts aux yeux des hommes; le prix à payer, une vie à courir après David pour le tuer afin de cacher derrière son masque un roi désobéissant que Dieu avait rejeté.
Face à la désobéissance et le péché, nous verrons dans une partie II les dispositions de cœur totalement différentes de David et les fruits d’un esprit brisé qui produisent la vie. Saül quant à lui, a choisi la voie de la mort.
- Achitophel, le suicide planifié: II Livre de Samuel 15 à 17
Achitophel, homme extrêmement influent, était le conseiller du roi David avant de le trahir. Lorsque Absalom, l’un des fils du roi conspire contre son propre père, Achitophel rejoint la conjuration et participe grandement au renversement du royaume.
2 Samuel 15
12 Pendant qu'Absalom offrait les sacrifices, il envoya chercher à la ville de Guilo Achitophel, le Guilonite, conseiller de David. La conjuration devint puissante, et le peuple était de plus en plus nombreux auprès d'Absalom. 13 Quelqu'un vint informer David, et lui dit: Le coeur des hommes d'Israël s'est tourné vers Absalom. 14 Et David dit à tous ses serviteurs qui étaient avec lui à Jérusalem: Levez-vous, fuyons, car il n'y aura point de salut pour nous devant Absalom.
2 Samuel 16
20 Alors Absalom dit à Achithophel : Consultez ensemble [pour voir] ce que nous avons à faire. 21 Et Achithophel dit à Absalom : Va vers les concubines de ton père, qu'il a laissées pour garder la maison, afin que quand tout Israël saura que tu te seras mis en mauvaise odeur auprès de ton père, les mains de tous ceux qui sont avec toi, soient fortifiées. 22 On dressa donc un pavillon à Absalom sur le toit de la maison : et Absalom vint vers les concubines de son père, à la vue de tout Israël. 23 Or le conseil que donnait Achithophel en ce temps-là était autant estimé, que si quelqu'un eût demandé le conseil de Dieu. C'est ainsi qu'on considérait tous les conseils qu'Achithophel donnait, tant à David qu'à Absalom.
En conseillant Absalom de prendre possession du harem de son père, Achitophel sait qu’ainsi il se rendra tellement odieux qu’aucune réconciliation ne sera jamais possible entre le père et le fils. Il est possible qu’il ait aussi eu à l’esprit de faire goûter à David l’amertume de cette même coupe que le roi avait fait boire à la famille de Bath-Scheba en commettant l’adultère avec elle et en tuant Urie son mari (certains juifs pensent que Bath-Scheba était la petite-fille d’Achitophel car son père portait le même nom que son fils, Eliam). Mais alors que David est en fuite, vulnérable et près d’être vaincu, Absalom n’écoute pas le conseil d’Achitophel qui se portait pourtant volontaire pour le poursuivre et le tuer. La suite, Achitophel se suicide.
2 Samuel 17
23 Achitophel, voyant que son conseil n'était pas suivi, sella son âne et partit pour s'en aller chez lui dans sa ville. Il donna ses ordres à sa maison, et il s'étrangla. C'est ainsi qu'il mourut, et on l'enterra dans le sépulcre de son père.
Les psaumes 41 et 55 de David ont vraisemblablement été écrits suite à cette trahison, une trahison terrible où un père voit son propre fils se liguer contre lui avec le soutien de son ancien conseiller et probablement ami.
Psaume 41
9 Même celui qui avait la paix avec moi, sur lequel je m'assurais, [et] qui mangeait mon pain, a levé le talon contre moi.
Achitophel connaissant parfaitement le roi David, sa force et son courage, a compris que son heure était désormais comptée. Absalom n’ayant pas écouté son conseil, le roi en fuite allait survivre et reviendrait bientôt au pouvoir. Pour lui, conspirateur et traître, il n’y aurait aucun pardon. Voici un exemple de plus d’un homme de guerre et de sang qui décide de se suicider. Sa soif de pouvoir et de reconnaissance l’a poussé vers le point de non-retour. S’il n’avait plus le contrôle sur l’avenir du royaume, il garderait au moins le contrôle sur sa propre vie.
Suite au règne de Salomon, fils de David, le royaume d’Israël se divise en deux royaumes (le royaume de Judas de la maison de David et le Royaume d’Israël avec les tribus du Nord). Le royaume du Nord va rapidement laisser place à de nombreuses conspirations et renversements de pouvoir. Dans cette course à la royauté, nous retrouvons un capitaine, Zimri, qui trahit son roi. Mais ses rêves de grandeur et son règne seront de courte durée.
- Zimri, le suicide par le feu: I Rois 16
Suite au règne de Salomon, fils de David, le royaume d’Israël se divise en deux royaumes (le royaume de Judas de la maison de David et le Royaume d’Israël avec les tribus du Nord). Le royaume du Nord va rapidement laisser place à de nombreuses conspirations et renversements de pouvoir. Dans cette course à la royauté, nous retrouvons un capitaine, Zimri, qui trahit son roi. Mais ses rêves de grandeur et son règne seront de courte durée.
1 Rois 16
15 La vingt et septième année d'Asa Roi de Juda, Zimri régna sept jours à Tirtsa; or le peuple était campé contre Guibbethon qui était aux Philistins. 16 et le peuple qui était-là campé, entendit qu'on disait : Zimri a fait une conspiration, et il a même tué le Roi; c'est pourquoi en ce même jour tout Israël établit dans le camp pour Roi Homri, capitaine de l'armée d'Israël. 17 Et Homri et tout Israël montèrent de devant Guibbethon, et assiégèrent Tirtsa. 18 Mais dès que Zimri eut vu que la ville était prise, il entra au palais de la maison Royale, et brûla sur soi la maison Royale, et il mourut;
- Judas, le suicide du traître:
De tous ceux qui se sont donnés la mort dans l’histoire de l’humanité, Judas en est probablement le plus connu. Il faisait parti des 12 disciples que Jésus avait choisis, et comme Achitophel, il finira par trahir son propre maître. Sa mort tragique conclut l’histoire d’un homme qui aura cédé aux attraits du monde et du diable alors même qu’il avait à ses côtés la lumière. Son suicide nous rappelle la triste réalité de l’existence humaine; l’homme peut délibérément refuser la main tendue de Dieu. Dieu connaît notre histoire, chaque jour de notre existence. Mais pour autant, aussi paradoxal et mystérieux que cela puisse paraître, nous sommes libres d’écrire cette histoire. Le suicide en est la démonstration; qui d’entre nous s’est levé un matin en se disant qu’il était né pour se tuer, que le suicide était écrit sur son front depuis sa naissance et que c’était sa destiné? Personne! Il n’existe qu’une personne sur terre qui soit née pour mourir, c’est le Christ. Mais sa mort sacrificielle fut notre vie, la réconciliation entre le Père et ses enfants.
Pour Judas, l’appel du diable était plus fort que l’amour du Christ. L’événement qui fut le tournant de sa trahison nous révèle ce qu’il y avait dans son cœur, l’amour de l’argent et un sentiment soudain d’autorité sur Jésus qui à ses yeux ne menait plus le bateau dans la bonne direction.
Jean 12
1 Six jours avant la Pâque, Jésus arriva à Béthanie, où était Lazare, qu'il avait ressuscité des morts. 2 Là, on lui fit un souper; Marthe servait, et Lazare était un de ceux qui se trouvaient à table avec lui. 3 Marie, ayant pris une livre d'un parfum de nard pur de grand prix, oignit les pieds de Jésus, et elle lui essuya les pieds avec ses cheveux; et la maison fut remplie de l'odeur du parfum. 4 Un de ses disciples, Judas Iscariot, fils de Simon, celui qui devait le livrer, dit: 5 Pourquoi n'a-t-on pas vendu ce parfum trois cents deniers, pour les donner aux pauvres? 6 Il disait cela, non qu'il se mît en peine des pauvres, mais parce qu'il était voleur, et que, tenant la bourse, il prenait ce qu'on y mettait. 7 Mais Jésus dit: Laisse-la garder ce parfum pour le jour de ma sépulture. 8 Vous avez toujours les pauvres avec vous, mais vous ne m'avez pas toujours.
Matthieu 26
14 Alors l'un des douze, appelé Judas Iscariot, alla vers les principaux sacrificateurs, 15 et dit: Que voulez-vous me donner, et je vous le livrerai? Et ils lui payèrent trente pièces d'argent. 16 Depuis ce moment, il cherchait une occasion favorable pour livrer Jésus.
Judas avait laissé sa soif des richesses du monde présent l’éloigner de l’espérance du royaume de Dieu à venir. Pire encore, alors qu’il était voleur et menteur, il saisit l’occasion pour prendre autorité sur Jésus entraînant les autres disciples dans son indignation déguisée et hypocrite. C’est à ce moment là que l’orgueil suprême l’a aveuglé et que les ténèbres l’ont définitivement enveloppé sans qu’il n’y ait aucun retour possible.
Le lendemain, la veille de la crucifixion de Jésus, juste avant que Judas mette son plan à exécution, une dernière opportunité lui est pourtant offerte de faire marche arrière, mais il est déjà trop tard.
Jean 13
18 Ce n'est pas de vous tous que je parle; je connais ceux que j'ai choisis. Mais il faut que l'Ecriture s'accomplisse: Celui qui mange avec moi le pain A levé son talon contre moi. 19 Dès à présent je vous le dis, avant que la chose arrive, afin que, lorsqu'elle arrivera, vous croyiez à ce que je suis. 20 En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui reçoit celui que j'aurai envoyé me reçoit, et celui qui me reçoit, reçoit celui qui m'a envoyé. 21 Ayant ainsi parlé, Jésus fut troublé en son esprit, et il dit expressément: En vérité, en vérité, je vous le dis, l'un de vous me livrera. 22 Les disciples se regardaient les uns les autres, ne sachant de qui il parlait. 23 Un des disciples, celui que Jésus aimait, était couché sur le sein de Jésus. 24 Simon Pierre lui fit signe de demander qui était celui dont parlait Jésus. 25 Et ce disciple, s'étant penché sur la poitrine de Jésus, lui dit: Seigneur, qui est-ce? 26 Jésus répondit: C'est celui à qui je donnerai le morceau trempé. Et, ayant trempé le morceau, il le donna à Judas, fils de Simon, l'Iscariot. 27 Dès que le morceau fut donné, Satan entra dans Judas. Jésus lui dit: Ce que tu fais, fais-le promptement. 28 Mais aucun de ceux qui étaient à table ne comprit pourquoi il lui disait cela; 29 car quelques-uns pensaient que, comme Judas avait la bourse, Jésus voulait lui dire: Achète ce dont nous avons besoin pour la fête, ou qu'il lui commandait de donner quelque chose aux pauvres. 30 Judas, ayant pris le morceau, se hâta de sortir. Il était nuit.
Matthieu 26
24 Le Fils de l'homme s'en va, selon ce qui est écrit de lui. Mais malheur à l'homme par qui le Fils de l'homme est livré! Mieux vaudrait pour cet homme qu'il ne fût pas né. 25 Judas, qui le livrait, prit la parole et dit: Est-ce moi, Rabbi? Jésus lui répondit: Tu l'as dit.
C’est une étrange sensation de voir le Christ (la parole de Dieu faite chaire) être troublé de la sorte, troublé par une trahison qu’il n’a pas pu empêcher, troublé d’avoir donné autant d’amour et d’avertissements à un homme qui finira par le vendre. Personnellement, ces paroles que Jésus prononce contre Judas “Mieux vaudrait pour cet homme qu'il ne fût pas né.” sont celles qui m’interrogent le plus. Il y aurait un temps où l’homme, délibérément, choisit la mort plutôt que la vie, le diable plutôt que le créateur tout puissant, les ténèbres plutôt que la lumière, le jugement éternel plutôt que le sacrifice de Jésus? Un moment où face à la dureté du cœur de l’homme, Dieu ne peut plus que le laisser partir? Cette réalité est très difficile à accepter. Pourtant elle est là devant nous, dans la Bible, dans notre quotidien, autour de nous. Ce bras, là devant nous, tendu pour nous retirer de la mort, cette aide qui aurait pu être précieuse, si souvent l’homme s’en détourne à tout jamais.
Matthieu 27
3 Alors Judas, qui l'avait livré, voyant qu'il était condamné, se repentit, et rapporta les trente pièces d'argent aux principaux sacrificateurs et aux anciens, 4 en disant: J'ai péché, en livrant le sang innocent. Ils répondirent: Que nous importe? Cela te regarde. 5 Judas jeta les pièces d'argent dans le temple, se retira, et alla se pendre.
Judas a marché avec Jésus pendant trois ans. Comme les autres apôtres, il a reçu l’amour du Christ, ses enseignements, ses mises en garde. Et comme tout homme marchant sur cette terre, il a eu des regrets. Mais ses remords n’ont pas mené à la vraie repentance, celle qui mène au salut. Il n’a pas choisi la vie, Judas a choisi la mort.
Jean 6
66 Dès ce moment, plusieurs de ses disciples se retirèrent, et ils n'allaient plus avec lui. 67 Jésus donc dit aux douze: Et vous, ne voulez-vous pas aussi vous en aller? 68 Simon Pierre lui répondit: Seigneur, à qui irions-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle. 69 Et nous avons cru et nous avons connu que tu es le Christ, le Saint de Dieu. 70 Jésus leur répondit: N'est-ce pas moi qui vous ai choisis, vous les douze? Et l'un de vous est un démon! 71 Il parlait de Judas Iscariot, fils de Simon; car c'était lui qui devait le livrer, lui, l'un des douze.
Mot de fin de cette première partie:
“À qui irions-nous?” La question de l’apôtre Pierre résonne encore aujourd’hui dans notre tête. Nous savons qu’il n’y a qu’un chemin vers la vie éternelle mais pourtant beaucoup choisissent la mort. Et lorsque la mort se nomme suicide et frappe même à la porte de l’Église, alors nous doutons, nous sommes effrayés, effondrés, inquiets, nous sommes en colère. Mais nous espérons aussi qu’il y ait une issue favorable que seul Dieu connaît.
Pour les cinq suicides mentionnés dans la Bible, il n’y a pas de doute possible quant aux conséquences d’un tel acte. Cinq hommes emportés par leur orgueil, leur désobéissance, leur folie et leur aveuglement, emportés loin de la face de Dieu. Cinq hommes qui ont choisi la mort plutôt que la vie. Cinq hommes qui ont eu l’opportunité de choisir la lumière mais qui tristement ont préféré les ténèbres. Mis à part le roi Saül (à qui on aurait peut-être pu diagnostiquer des troubles bipolaires s’il vivait aujourd’hui), il semblerait que ces suicides soient le fait d’hommes sains d’esprit. Pour autant, pour chacun des cinq, le facteur de la violence a favorisé leur autodestruction.
Mais qu’en est-il des suicides liés aux troubles mentaux, ces suicides qui représentent plus de 60% des cas aujourd’hui? Aujourd’hui, le corps social et médical considère que ces suicides ne sont pas des choix librement consentis. Que dit la Bible à ce sujet? Est-il est possible de tuer sans que Dieu nous en tienne pour responsables?
Nous étudierons dans une deuxième partie la dépression dans la Bible. Dieu nous a donné un corps et une âme, alors si les troubles d’humeur sont solitude, inquiétude, pertes, rejet, abandon, trahison, colère aveugle, pensées suicidaires, souffrance physique insoutenable, désespoir, nous pouvons nous tourner vers sa parole pour trouver des réponses. La Bible relate de nombreuses histoires d’hommes et de femmes comme nous. Donc oui, la Bible a quelque chose à nous enseigner à ce sujet mais surtout un message d’espoir à proclamer. En Jésus Christ, le désespoir n’a pas le dernier mot.