pensée du mois écrite pour le carnet de voyage n°4 Novembre 2019 Quelle aventure ! La liberté a parfois un goût particulier. C’est comme de marcher sur un lac gelé. Imaginez-vous vous y aventurer. Tout en marchand, vous pouvez voir la beauté d’un paysage enneigé, d’une nature figée. Le froid vous glace les poumons mais le soleil vient vous réchauffer le cœur. La buée qui sort de votre bouche comme seul témoin que la vie est possible. Vous êtes là, au milieu de ce lac. Alors que vous avancez, vous sentez ces petites fissures qui se forment sous vos pieds. Il est trop tard pour faire demi-tour (pourtant vous y pensez le temps d’une seconde), le chemin est déjà bien entamé et ce qui vous attend devant semble vous promettre le meilleur. Le bruit de la glace qui craque vous coupe la respiration. Vous sentez votre cœur qui s’emballe dans votre poitrine. Vous retenez votre souffle, vous continuez d’avancer de manière prudente, ne sachant pas si la glace va résister. Un pas après l’autre. Certains de vos pas semblent plus légers laissant la glace intacte, d’autres se révèlent glissants. Ce paysage est magnifique. Cette aventure aussi belle qu’inquiétante. Cette métaphore du lac gelé, c’est celle qui nous colle à la peau comme un parfum aussi doux qu’amer. Jusqu’à aujourd’hui, je ne me savais pas capable d’encaisser autant d’imprévus et d’inconnus surtout. Moi, la routinière dans l’âme, l’aventurière du prévu. Pourtant, ici chaque matin est un nouveau défi et chaque soir une nouvelle victoire. Beaucoup de joie ici, mais beaucoup d’inquiétudes aussi. C’est comme d’être au milieu d’un lac gelé. Il y a l’excitation et la beauté de l’aventure, il y a aussi parfois l’inquiétude des imprévus, la fatigue de cette glace qui glisse et qui craquelle. Ces jours qui nous laissent du répit et ceux nous entrainant dans le tourbillon de l’inattendu. Mais la bonne nouvelle, c’est que c’est dans l’inattendu que l’on se révèle. C’est dans l’inattendu que l’on se découvre. Sortir des sentiers battus, marcher sur un lac gelé. Prendre des risques. C’est difficile certes. Cette aventure je peux la comparer à celle vécue lorsque l’on devient maman. Vous savez, ce mélange de joie, de fatigue, ces réserves insoupçonnées de patience et cette envie de progresser pour offrir le meilleur à son enfant. Cette aventure, elle offre la possibilité de progresser. Ne pas porter de masque. Ne pas faire comme si tout était merveilleux parce que l’on vit une aventure de dingue. Ce mois-ci, une immense fatigue m’a gagnée. Celle qui vous empêche d’écrire et même de réfléchir. Cette fatigue qui décourage. J’ai toujours réussi à écrire dans la mélancolie. C’est d’ailleurs là que l’inspiration bat son plein. Mais là, rien. Une telle fatigue qui ne me donne envie de rien. Le souffle coupé, comme si j’étais sur un lac gelé en train de se briser. Et puis on a été honnête avec nous-mêmes. - changer de vie - démissionner - laisser notre maison (même une location) - changer notre routine, nos habitudes - modification de notre situation financière - changement de nos loisirs - changement d’activités sociales - changement concernant les habitudes de sommeil - ne pas savoir, ne pas pouvoir prévoir - l’inconnu total du futur Selon l’échelle de Holmes et Rahe qui permet de déterminer le niveau de stress et le risque d’impact sur notre santé, tous les changements survenus dans nos vies ces derniers mois nous font cumuler un total de plus de 300 points ce qui signifie un état de stress très important avec un risque élevé de déclencher une maladie. Savoir ça m’a aidé à ne pas prendre à la légère ma fatigue et à ne pas porter des masques en prétendant que tout est parfait. Tous ces points (et j’en passe) ont été facteurs et sont encore facteurs de beaucoup de stress. Bienvenue donc au contrecoup de ce road-trip en famille. J’ai pu culpabiliser d’écrire le négatif dans les derniers carnets de voyage. Beaucoup pourrait se dire qu’il n’y a pas de négatif dans le fait de prendre des vacances pendant une année et je suis d’accord. Mais en fait, nous ne sommes pas en vacances. Nous souhaitons prendre le temps de vivre la famille tout en voyageant et écrire ce qu’il y a sur nos cœurs. Et alors chose normale, nous nous confrontons à tout un tas de difficultés. Merci à vous quelques part parce qu’avec ce carnet de voyage, vous nous tenez en éveil. Aucune possibilité de se laisser aller, de déprimer face au manque d’inspiration. Ecrire mes émotions est alors nécessaire à la réussite de cette aventure. Écrire sans filtre. Pourquoi prétendre? « Tout est beau ici. Nous vivons un vrai conte de fées. Le soleil bat son plein, c’est la canicule et nous sommes au Pays des Bisounours ». La réalité c’est qu’ici il fait froid. Il fait nuit à 16h30. Ici tout est plus difficile. Mais c’est la difficulté d’escalader le sommet qui te promet une vue magnifique de l’autre côté. Nous sommes loin d’être dans un conte de fées. Dans mes contes de fée à moi, notre vie ne connaîtrait aucune turbulence, les rencontres se feraient facilement, l’amitié serait simple, personne ne s’oublierait à cause de la tempête du quotidien, les logements se trouveraient en frappant simplement à une porte, les kilomètres parcourus se feraient à vol d’oiseau et les désaccords n’entraineraient jamais de rupture. Nous avons rencontré un couple en or durant notre temps ici (plusieurs en réalité). Mais je pense notamment à C. et P. qui nous ont encouragés avec tellement d’amour. Ils nous ont dit quelque chose de tellement vrai et qui résume parfaitement les trois mois passés ici. La réalité Québécoise tourne souvent autour du climat. Le climat social, le climat spirituel et bien sur le climat météo. C’est en effet ce que nous avons pu constater et ce qui a parfois été même un peu déroutant. Le climat social de notre quartier nous a par moment beaucoup attristé. Le climat spirituel nous a permis de nous attacher à cette petite assemblée au centre de Montréal. Bien loin de la mégachurch dont je rêvais secrètement. J’y ai découvert l’authenticité, celle qui touche et qui nous permet les rencontres. Le climat météo, lui nous a montré Montréal sous son plus beau soleil durant les deux premiers mois sans omettre pour autant de nous donner un avant-goût de la neige, du froid hivernal et du vent qui vous glace le sang (un avant-goût je dis bien). Nous retiendrons de Montréal surtout toutes ces rencontres, celles qui nous ont montré l’amour, toutes ces personnes qui nous ont ouvert leur porte, leurs cœurs et qui nous ont énormément donné. Vous avez été une partie de notre carburant.
Winter is coming La tempête est passée. Après une nuit mouvementée à entendre le bruit du vent qui tel un loup hurle un soir de pleine lune. Après une nuit d’excitation à observer la neige danser près des lampadaires telle un ballet du Lac des Cygnes. Après une nuit chaotique à être réveillé par le bruit de la déneigeuse à trois heures faisant alors trembler l’appartement. Puis, réussir à s’endormir pour une nuit bien trop courte. Se réveiller la tête lourde. Mais après la tempête, le calme. Ouvrir les rideaux et voir une ville totalement transformée. La magie de la neige, elle est là, elle rend tout comme nouveau. Au parc Bellerive à deux pas de chez nous, le calme d’un paysage transformé par ces danseuses étoiles qui se sont délicatement posées et accumulées. Transformées en une multitude de petits cristaux figés qui une fois exposés aux doux rayons du soleil viennent illuminer nos yeux. Laisser Caleb découvrir à son rythme ce qui semble être pour lui une immensité blanche. Apeuré le premier jour mais conquérant les suivants. Le goût de la neige comme moteur de son élan. Nos respirations se font plus lourdes, le bruit de la neige craquant sous nos pas. La buée qui sort de nos bouches, un chien heureux de retrouver sa liberté, et pour se réchauffer le cœur, la chaleur de notre amour et de nos rires. Un bol d’air frais Nous sommes allés prendre l’air. Partir, aller à Ottawa et découvrir. Un ami d’enfance à Lars nous a invités à passer quelques jours chez lui à Gatineau à la périphérie de la capitale. Ces moments ont vraiment été ressourçants. Joie pour Lars de retrouver cet ami et plaisir pour moi de le rencontrer et de les entendre se remémorer leur péripéties d’adolescents. Nous en avons profité pour visiter le musée de la civilisation et le centre ville d’Ottawa. Continuer son chemin C’est déjà pour nous le temps de quitter Montréal. Il y a confusion dans les sentiments. La joie de partir arpenter les routes américaines. La tristesse aussi de laisser derrière les rencontres authentiques faites durant ces trois mois. L’inquiétude de ne pas savoir à l’avance tous les détails et la certitude aussi de savoir que cette aventure sera belle mais difficile. Ne jamais être vraiment chez soi, les nombreuses heures de voiture, les imprévus, ne pas forcément savoir à l’avance où l’on passera nos nuits. L’excitation des découvertes et les rencontres. À Line, José, Sylvie, toujours entrain de marcher. À ce Monsieur avec son bouledogue français et à celui qui se prépare au marathon de Montréal en courant avec son chien. À tous ceux que j’ai croisés presque chaque jour depuis début septembre dans ce beau parc Bellerive et qui sont devenus attachants par les mots échangés. Merci d’avoir fait partie de mon quotidien. Je vous écris aussi pour ne pas vous oublier. Avec amour Mandy
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