Un nouveau départ

Le 8 juillet nous avons quitté la Charente. Bien que notre aventure ait commencé il y a deux ans, lorsque dans le secret, nous préparions déjà ce grand départ, elle s’est réellement concrétisée en janvier 2019 avec l’achat des billets d’avion pour Montréal. Ces derniers mois ont été difficiles et éprouvants. Entre nos deux démissions, la vente de tout notre mobilier, l’administratif et l’envie de voir tous ceux que l’on aime une dernière fois avant de partir, cela nous a demandé beaucoup d’énergie, d’investissement et de temps. Nous étions tous les deux dans un tourbillon d’émotions. 

L'été défile à vitesse grand V. Mais avec Lars, nous savourons déjà cette nouvelle vie en famille qui nous offre la possibilité d’être ensemble 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Quitter sa zone de confort apporte son lot de combats, de bénédictions et de surprises. Et depuis notre départ, nous avons déjà vécu de chouettes moments et on se sent privilégiés de pouvoir vivre cette aventure.

Mais c'est difficile de partir, difficile de quitter ceux que l'on aime, difficile de quitter notre routine alors même que l'on souhaitait la changer depuis longtemps.  Le 5  juillet, lorsque j'ai mis toute la chambre de Caleb dans des cartons, j’ai eu  un pincement au cœur. Ce petit cocon qu'on lui a construit, cette pièce, ma préférée depuis sa naissance, celle dans laquelle il a passé tant de temps à jouer.

On pourrait se dire que c’est facile de partir avec un enfant en bas âge; après tout il n’y a pas d’école, pas de devoir, pas encore d’amitié construite. Et c’est vrai, Caleb, il a juste besoin de nous. Peu importe où nous allons, il sera bien. Mais le truc, c’est que Caleb, il n'a rien demandé non plus. En arrivant à Montpellier, il a perdu sa routine et ses repères. En arrivant à Montpellier, tout a déjà beaucoup changé. Son sommeil s'est comme dirait-on fait la malle. Il se couche difficilement et a un réel besoin de nous sentir près de lui. Et là, pour nous,
il n’y a pas d’autres choix que de s’adapter, déborder d’amour et de patience pour ce petit bonhomme
qui fait notre bonheur. Ici, il fait chaud, très chaud même ; chaud dehors et chaud dedans. 
Notre maison en pierre nous manque, notre cocon, celui de nos débuts, celui où
nous avons mené nos luttes, nos combats et où nous avons remporté nos premières victoires à deux.

Les repères ont changé. On ne peut plus aller rendre visite à papinou et maminou. On ne voit plus papou en train de jardiner ni mamou qui nous rejoignait dès qu'elle en avait l'occasion. Tonton Nath et son oiseau ne sont plus et Tata Nouna ne passe plus à l’improviste. Paloma, ma douce jument, elle faisait partie de ma routine depuis mes 14 ans puis celle de Caleb dès ses premiers mois.
Les escargots ont déserté Montpellier. Eux aussi ont trop chaud. Difficile d'entendre Caleb dire « Cagot » toutes les 10 minutes. J’ai même versé quelques larmes la première fois où il m’a demandé un escargot et que nos recherches infructueuses ne menaient qu'à des coquilles vides. 

Quand la routine vient à nous manquer.

Durant cet été, j’ai vraiment pris conscience que pour cette année à venir, j’allais devoir lâcher prise et m’adapter.
C’est difficile pour quelqu’un qui aime tout prévoir, de lâcher prise. La routine, elle est rassurante en ce qu’elle offre de la stabilité. Mon caractère solitaire aime la routine et l’imprévu peut avoir tendance à me stresser, m’angoisser. Heureusement, ma soif d’aventure et mon adaptabilité m’aideront, j’en suis sûre. Dieu travaille mon cœur et mon caractère et je suis convaincue que ce n’est que le début d’une grande aventure où je vais me découvrir d’une  toute autre manière.  C’est fou comme chaque jour de notre vie, nous sommes appelés à changer, à nous améliorer et à se laisser transformer. Vouloir suivre les pas de Jésus, c’est reconnaître que l’on a toujours quelque chose à changer parce que lui seul est perfection. Nous, nous avons tous besoin de progresser, de pardonner et d’être pardonnés parce que nous sommes parfaitement imparfaits. Avant de changer le monde et les autres, il faut déjà commencer par soi.

Durant le mois de juillet nous avons beaucoup voyagé. Nous avons d’abord visité Lissia, la petite sœur de Lars, à Lausanne en Suisse. Quel plaisir de passer du temps avec elle et ses deux filles Lenaya et Adeline.
N’étant pas loin de la ville de Bulle, nous avons pu rencontrer la famille suisse qui nous a
vendu la voiture qui nous attend à Montréal. C’est un couple chrétien avec 4 enfants qui
après 3 années d’Institut Biblique pour la Francophonie sont revenus chez
eux en Suisse.

Sur le chemin du retour, nous avons revu la grand-mère de Lars à Genève. C’était la deuxième fois que Caleb rencontrait son arrière grand-mère paternelle. Puis, pour finir, nous avons fait une halte dans l’Isère à Saint Etienne de Crossey du côté de ma famille. On a pu revoir mes tontons, tatas, cousins, cousines et grand-mère. Et là, comme à notre habitude quand on est en visite dans la Chartreuse, nous sommes tombés en panne! Ah, ces ballades en montagne. À se demander si l’Isère ne serait pas une destination future. Nous avons donc passé plus de jours que prévu à profiter les uns des autres et de la grande générosité de ma famille. Il y a trop d’amour dans les montagnes !

Au niveau du logement, Dieu nous a bénis. Nous avons enfin trouvé  un petit meublé à Montréal même (à Tétreaultville). Cette partie est celle où je dois vraiment lâcher prise et apprendre à faire confiance à Dieu. Surtout que voyager avec un chien est un sacré challenge et même un frein pour trouver des locations. Mais hors de question de le laisser en France pour autant ! Depuis 5 ans, ce chien est notre compagnon fidèle ! Pour être honnête, il nous à même permis de travailler sur nous-mêmes. Et puis un chien, ça ouvre les portes aux rencontres. Si vous saviez toutes les personnes qui viennent nous parler grâce à lui. Par exemple ces deux sœurs Norvégiennes,  j’ai pu témoigner à l’une de l’importance de la vie in utéro.

Et que dire de Caleb qui attire les gens à lui ? Il est une source constante de bénédictions. Une autre rencontre qui nous a marqués fut celle avec une femme franco-marocaine et sa belle- sœur. Caleb à clairement été un vecteur de communication. Cette mère de 8 enfants a eu des triplés et des jumeaux en moins de 13 mois! Nous avons passé la fin d’après- midi à échanger avec elle et deux de ses filles sur la parentalité, les grandes fratries et la place des écrans dans le quotidien. 

La vie à Montpellier est douce. Caleb a la chance de profiter chaque jour de « grand-pa » 
(grand Blabla pour les intimes)  et de « granny », et nous aussi d’ailleurs. On profite
de la plage, de la rivière et on emmène Caleb au parc qui n’est qu’à deux pas. 

​J’ai l’impression que durant cet été, Caleb a quitté sa période de bébé pour devenir un petit garçon aimant l’aventure. Il a grandit d’un coup. Il développe sa passion pour les avions et aime trop monter dans la voiture, côté conducteur. Et aucune sirène de pompier ne passe à côté de son ouïe ultra développée, « Pimponnn ! ».
J’aime le voir sur la plage courir comme un fou, jouer avec Lars dans les dunes et qu’il se sente comme un poisson dans l’eau. J’aime son intérêt pour tout ce qui l’entoure et sa joie de vivre malgré les changements. J’aime ses cheveux dorés par l’été, sa peau salée par la mer. J’aime ses petits pieds tout ronds noircis par l’aventure des journées passées dehors et toutes ces éraflures et petites bosses, prix de  la liberté et de l’insouciance.

C’est un temps nouveau qui s’offre à nous et il fallait bien profiter d’une dernière visite de ma famille pour emmagasiner l’amour des miens et le ressortir les jours difficiles. J’ai eu la visite de ma grande sœur Coraline, de son mari et leur fils ainsi que celle de mes parents chéris.

Nous nous envolons le 1er septembre pour Montréal. De là, nous créerons une nouvelle routine, celle qui nous accompagnera pour les 12 prochains mois. Comme beaucoup le savent, nous souhaitons consacrer ces temps à l’écriture d’un livre chrétien sur le couple et la famille. Nos semaines seront bien chargées mais nous comptons profiter de notre road trip pour également remplir nos yeux de la si belle création de Dieu, motivés par la curiosité et la soif de toujours apprendre et découvrir.
 
Merci à vous de nous suivre dans ce périple. Ce carnet de voyage, il vous est destiné alors soyez les bienvenus.  J’y partagerai notre aventure, celle vue à travers mon regard, en essayant d’être toujours au plus prés de notre réalité. J’y partagerai nos joies et nos peines.
Pensez à nous dans vos prières et que Dieu conduise notre route, qu’Il soit notre  capitaine, celui qui
maintient notre cap. Que sa main puissante agisse dans nos recherches de logements et
qu’Il nous aide a diriger nos finances avec sagesse. Qu’Il nous guide à chacune des rencontres, qu’Il
soit notre force, notre roc et que sa parole nous inspire à chaque instant. Nous gardons
chacun de vous  dans nos cœurs, dans nos pensées, dans nos prières. ​